Michel Souchon est le président du Syndicat des vignerons de l’appellation Duché d’Uzès depuis une dizaine d’années. Le 19 juillet 2023, l’appellation célébrera ses 10 ans d’existence. L’occasion de retracer l’histoire de l’AOC Duché d’Uzès, vitrine viticole qui se développe année après année.
Michel Souchon en interview :
Pourriez-vous raconter l’historique de l’appellation et du syndicat du Duché d’Uzès ?
Le syndicat a été créé en 1992 et a porté toute la démarche pour l’obtention de l’appellation et de sa promotion. L’appellation a été créée sous la forme des vins de pays IGP dans la années 90. L’idée c’était de supprimer les vins de petites zones qui existaient à l’époque et de mettre en place deux entités :
les Vins de pays des Cévennes d’une part et un terroir dit de qualité qui devait devenir la future appellation AOC d’autre part.
Après les études de sol réalisées par un cabinet sur l’ensemble du département, on est tombé à une centaine de communes en IGP. On a ensuite demandé à accéder à l’Appellation d’origine vin délimitée de qualité supérieur (AOVDQS) dans les années 2000-2004 puis vers 2008-2010, on a eu le feu vert de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) pour continuer notre travail pour l’obtention de l’AOVDQS sur les trois couleurs. Finalement, le 19 juillet 2013, l’appellation est née. À ce jour, 77 communes peuvent produire des vins appellation Duché d’Uzès.
Où en est l’identification parcellaire menée par l’Inao ?
Elle est toujours en cours. Être en appellation, c’est d’abord une volonté des vignerons et ensuite, d’avoir des terroirs qui correspondent. Si un vigneron n’a pas la volonté et ne fait pas la démarche pour classer ses parcelles, il ne peut pas produire en appellation. Au syndicat, on a pour principe de demander à l’Inoa d’examiner en priorité les parcelles dont nous avons besoin en production. À ce jour, il y a environ 2 000 hectares classés sur l’ensemble des
communes avec un ciblage des parcelles qui correspondent au mieux à notre cahier des charges.
Pourriez-vous donner un exemple concret d’action mise en place par le Syndicat ?
En 2004, le syndicat a mis en place une bouteille syndicale, ce qui est assez rare pour un vin de pays. C’est une bouteille avec un blason en relief que nous préconisons toujours aujourd’hui. La même année, il y a aussi eu la création de la Cie Bachique qui nous accompagne dans nos démarches pour nous faire connaître et qui va fêter ses 20 ans. Un beau double anniversaire. On a aussi la chance d’avoir à nos côtés le Comité de promotion agricole qui a mis en place la Foire aux vins. Le Comité est omniprésent pour orchestrer tous les événements et on travaille de concert avec lui.
À quoi sert une appellation ?
C’est une vitrine dont tout le monde rêve. L’intérêt pour le consommateur, c’est de trouver des vins issus d’un territoire et d’un savoir-faire. 44 caves ont produit dans le dernier millésime 2022. Avec le passage en appellation, pas mal de vignerons ont commencé à faire de la vente dans leur propre caveau. En sachant que nous n’ouvrons pas totalement la production. Chaque année, on utilise que 300 à 400 hectares pour faire correspondre la production au marché.
À titre personnel, que retenez-vous de votre expérience en tant que président du syndicat ?
Ça permet de rencontrer énormément de monde. On est une appellation à taille humaine, on se connaît pratiquement tous. On tire tous dans le même sens pour faire progresser l’appellation. Être président, ça permet des rencontres de tout horizon.
Pour vous, quelle est la force des vins du Duché d’Uzès ?
C’est une appellation jeune, à découvrir, une vraie pépite. On est adossé aux premiers contreforts cévenols ce qui apporte des potentiels très qualitatifs en blanc avec de la fraîcheur et de la vivacité.
On va fêter les 10 ans de l’appellation, notamment avec la Guinguette des vignerons le 27 juillet.
Qu’est-ce que ça vous fait ?
C’est déjà une belle chose car on a fait pas mal de travail, on a réussi à faire décoller un peu cette appellation avec 10 000 hectolitres. On mesure tout le chemin parcouru mais aussi le travail qu’il reste à parcourir qui est énorme car si l’appellation est connue dans la région, maintenant, il faut la faire connaître en dehors. C’est pourquoi on travaille de concert avec le syndicat Inter Rhône. Et on a réussi à maintenir le niveau qualitatif avec le passage obligatoire de tous nos vins en commission. Toutes les cuvées son dégustées pour savoir si elles peuvent obtenir l’appellation. C’est un gage de qualité auquel on tient.