Quelle est votre approche de la philosophie pour ces temps de partage ?
J’essaye d’échapper à la philosophie pour et par les philosophes agrégés. Ce que je propose, c’est une sorte de performance, c’est de la philosophie spectacle et théâtralisée. Personne d’autre ne propose ça en France, c’est un truc que j’ai bidouillé pendant 20 ans. Je me présente un peu comme un philosophe vagabond car je vadrouille aux quatre coins de la France pour faire exploser des bombinettes de philosophie par-ci par-là. Mon but est de faire entrer cette discipline dans des lieux où on ne l’attend pas et de m’adresser à des personnes qui ne sont pas des spécialistes. Je fais de la philosophie pour et surtout avec les gens que j’ai en face de moi.
Vous rappelez-vous de votre premier contact avec les bénévoles du Centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) Le Transfo ?
Parfaitement oui. C’était il y a un peu plus de 10 ans. L’une des filles du Transfo m’avait vu faire une performance aux arènes du Cailar, un truc un peu spécial avec des gladiateurs et de la philosophie. Elle s’était alors dit que j’étais assez barré pour travailler avec les patients de l’hôpital pour ces ateliers. C’est une belle histoire qui a duré pendant huit ans.
Après trois ans sans conférences-débats, qu’avez-vous ressenti quand les bénévoles du Transfo vous ont contacté pour vous proposer de reprendre les conférences-débats ?
J’étais ravi car j’ai adoré travailler avec les personnes soignées au Mas-Careiron. Les voir, ça m’était devenu indispensable et je pense que ça l’était un peu devenu pour eux aussi.
Comment s’articule la soirée ?
Il y a trois temps. D’abord celui de la performance autour de la question (cette fois-ci : "Et si les Pieds nickelés étaient des modèles de vertu ?") puis vient un temps de débat avec la salle où je prends toutes les questions aussi bien celles des personnes avec un trouble psychique que celles qui peuvent être troublées par les patients. Ça brise les frontières, les discours convenus et les interventions de confort. Enfin, vient l’apéro, le temps le plus important car il peut s’en dégager des paroles plus intimes, plus informelles.
Le cycle de conférences de l’année portera sur le rapport à l’échec. Comment avez-vous déterminé ce thème ?
Ce n’est pas moi qui décide des thèmes mais bien les résidents. Au début de chaque année, on fait un brainstorming tous ensemble et on lance des idées, des thèmes qui s’articulent autour de leurs préoccupations. À chaque fois, on pense que la philo doit porter sur des questions ou des vérités existentielles. Moi, je défends une philosophie concrète. Juste avant la Covid, j’avais rendu visite aux patients et ils m’avaient montré une exposition de photos ratées. J’avais trouvé l’idée géniale. De fil en aiguille, on avait donc convenu de travailler sur le ratage, pour combattre l’injonction sociétale qu’on nous impose : réussir à tout prix sa vie.
Première conférence-débat le jeudi 21 septembre 2023, à 20h, à la salle Agora du Mas-Careiron. Ouvert à tous. Tarif : 5 €. Infos : 04 66 62 69 29 ou 06 25 12 51 63.