« Un défi » résume Éric Barrier, l’un des trois derniers charrons de France, lorsqu’il parle de la maquette de voiture hippomobile qu’il a devant lui. Commande de l’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation), fusion des haras nationaux et du Cadre noir de Saumur, la maquette s’apprête à suivre une exposition itinérante à partir de juin pour promouvoir le patrimoine équestre et tenter d’attirer les nouvelles générations vers un métier méconnu : le charron.
Un des derniers charrons de France
Éric Barrier est un charron, l’un des trois derniers de France. Il fabrique, restaure, entretient les véhicules à traction animale ainsi que les roues en bois. « Le charron à la base, il ne s’occupait que des roues, notamment au sein du domaine hippomobile. En tout, il y avait 30 métiers comme le peintre ou le carrossier », explique Philippe Roche, expert et référent pour le patrimoine hippomobile au haras d’Uzès. « Avant, il y en avait un dans chaque village, c’était un peu le mécano de l’époque ». Éric, lui, a été formé par un ébéniste charron : « Je l’ai vu faire, ça m’a passionné, confie-t-il. Il m’a beaucoup appris, mais pas tout ». Le charron a appris et s’est perfectionné avec l’expérience. Amoureux du travail du bois mais aussi du domaine équestre, menuisier et ébéniste de profession, il a fait du métier de charron sa passion qu’il transmet aujourd’hui avec des formations. « Se faire connaître dans ce milieu, c’est pas évident » mais il existe une grande demande : « Beaucoup de gens veulent faire restaurer leurs vieux véhicules, souvent un souvenir de famille ».
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Une maquette à la main
« C’est ce qu’on appelle un grand-break réglementaire », explique Philippe Roche, de l’anglais «to break», rompre, dresser, en équitation ; une voiture dite hippomobile du XIXe siècle qui sert non pas à l’usage mais donc au travail des chevaux. C’est un outil pour les former. Munie de freins, conçue pour un attelage pouvant aller jusqu’à quatre chevaux, c’est une réplique parfaite qu’en a tiré Éric. Une réplique à échelle 1/5, précise-t-il et un vrai défi de fabrication entièrement à la main qui a durée un mois au total. « Le plus dur c’était les soudures, commente le charron. Impossible de les faire au fil sans casser la maquette, il a fallu trouver d’autres procédés ».
Un savoir-faire à protéger
Avec l’aide d’Éric, l’IFCE, par la voix de Marielle Zanchi, adjointe à la direction territoriale Arc méditerranéen, tente de mettre en lumière le savoir-faire et conserver ce patrimoine artisanal. Dans un second temps, il s’agit aussi d’essayer « d’attirer les jeunes du secteur de l’ébénisterie et proposer une spécialisation dans le domaine du charronnage. Les haras ont besoin de ces professions et ce savoir-faire » conclut-t-elle.