En présence d’une salle comble au tribunal judiciaire de Nîmes, le procureur adjoint Stéphane Bertrand démarre ses réquisitions. C’est le début de l’audience d’installation de Cécile Gensac, la nouvelle procureure de la République près le tribunal judiciaire de Nîmes, dont dépend l’Uzège Pont du Gard. Élus, procureurs, préfète, autorités civiles, militaires, religieuses, greffiers, magistrats, journalistes, étaient présents pour cette audience, «dont nous avons été privés pendant la période de pandémie», a noté la présidente du tribunal judiciaire, Béatrice Almendros.
La procureure Cécile Gensac est arrivée de Pau, où elle occupait la même fonction, au début du mois. Avec un parcours de magistrate et de parquetière, elle a notamment été substitut du procureur à Chartres, vice-procureure à Melun, magistrate du siège à Évry, en plus d’être passée par l’équipe de direction de l’École nationale de la magistrature. Elle remplace Éric Maurel, nommé procureur général de la République en Basse terre, en Guadeloupe.
La délinquance dans le viseur du parquet
Le procureur adjoint a dressé un portrait sans détour du département du Gard, nouveau ressort de la procureure. Un territoire marqué «par la diversité et l’intensité de la délinquance. Un ressort souvent pointé dans le peloton de tête lorsque l’on évoque la délinquance». Des quartiers difficiles, des ressorts voisins d’où arrive aussi de la délinquance, une zone de passage à la croisée des chemins dans le sud du pays et avec les pays voisins. «Avec en plus l’impact du tourisme et l’afflux de population qu’il implique». De plus, il a relevé une violence souvent présente, même lorsqu’il s’agit d’affaire initialement sans importance. «Nous avons la volonté d’apporter une réponse adaptée à chaque situation», a-t-il martelé, y compris des réponses pénales alternatives. «Mais c’est un ressort agréable et attachant avec une équipe sur qui vous pouvez compter», nuance-t-il. Si le parquet de Nîmes compte aujourd’hui treize magistrats, Stéphane Bertrand n’a pas manqué de regretter le manque d’effectifs, enjeu repris plus tard par la présidente - qui évoque une «justice à bout de souffle» pour laquelle «un plan de sauvetage est urgent» - et la nouvelle procureure.
"Du Grau-du-Roi aux Cévennes, en passant par la magnifique Uzès et son duché, le Gard est à lui seul un système", décrit la présidente du tribunal judiciaire de Nîmes, Béatrice Almendros.
«Vous venez, au parquet de Nîmes, d’en prendre pour sept ans, sauf remise de peine», sourit-il avant de requérir l’installation officielle. La présidente a elle aussi décrit la diversité du territoire, «du Grau-du-Roi aux Cévennes, en passant par la magnifique Uzès et son duché. Le Gard est à lui seul un système», avant de déclarer officiellement l’installation de Cécile Gensac comme procureure de la République de Nîmes.
La nouvelle procureure de la République de Nîmes a pris ses fonctions
«La justice s’exerce dans une période tourmentée, a rapidement lâché la nouvelle procureure. Plus que jamais nous devons véhiculer l’indépendance de la justice et lutter contre l’isolement. Garantir les libertés individuelles est une priorité et doit se faire en appliquant le droit, le procureur et ses collègues magistrats sont avant tout juristes».
Créer du lien entre le parquet de Nîmes et les élus du Gard
Elle a d’ailleurs beaucoup insisté sur la collaboration au sein de son équipe mais aussi entre le siège et le parquet, «je sais l’importance de l’unité». Elle a eu un mot pour les élus, qu’elle espère rencontrer pour une réelle justice de proximité. La lutte contre le communautarisme et la discrimination feront aussi partie de ses axes forts. Si elle a conscience des enjeux locaux, Cécile Gensac assure «ne pas se laisser effrayer» et a fait son entrée dans l’arène du tribunal de Nîmes la veille de la Féria des vendanges et après déjà deux épisodes cévenols.
Des opérations déjà lancées sur le territoire de l'Uzège Pont du Gard
La procureure Cécile Gensac ne perd pas de temps et prend déjà à bras le corps la lutte contre les cambriolages sur le territoire de l'Uzège Pont du Gard. Ainsi, des gendarmes de Remoulins et Uzès ont mené un service commun de lutte contre les cambriolages, le 14 septembre, en partenariat avec la police intercommunale du Pays d’Uzès. Il s’agissait, sur réquisition de la procureure de la République de Nîmes, de procéder à des contrôles de flux sur la départementale 981, entre Saint-Maximin et Argilliers. Outre la constatation de plusieurs infractions au code de la Route, cette opération a permis le contrôle et l’identification de plus de 80 véhicules.