Le projet de parc photovoltaïque de Fontarèches était à l’ordre du jour du dernier conseil communautaire du Pays d’Uzès, le 13 mars. Une délibération présentée par Christian Petit (Baron), vice-président à l’Urbanisme, qui a fait beaucoup réagir les élus. Elle portait sur l’émission d’un «accord de principe favorable au projet» et au soutien de la CCPU pour «la réalisation et finalisation des études et autorisations nécessaires».
Fontarèches : un bois exploité pendant plusieurs siècles
Lydie Pastre Defos du Rau (Uzès) a ouvert les débats. «La transition écologique nécessite des compromis j’en ai parfaitement conscience. Mais ce projet n’est pas de l’ordre du compromis». Évoquant tantôt l’ampleur du projet que son impact sur un espace boisé, «puits de carbone permettant de lutter contre le réchauffement climatique», sur la biodiversité elle pointe les espaces dégradés et urbanisés où pourrait plutôt être implanté ce type d’installations photovoltaïques. L’élue, candidate aux élections à Uzès en 2020, interroge aussi sur l’aspect financier, «car c’est bien ce qui motive l’assemblée». «Des négociations ont-elles eu lieu ?», demande-t-elle sollicitant l’intervention d’un juriste spécialisé. Elle soulève la question de l’avenir, avec l’éventuel démantèlement du parc contre le risque de se retrouver avec une friche industrielle.
“Ce projet consomme quasiment 100ha, que reste-t-il comme potentiel aux autres communes ?”
Enfin, Lydie Pastre Defos du Rau, suivie par d’autres élus, pointe la non-conformité de ce projet avec le Scot (Schéma de cohérence territoriale), qui proscrit, dans les corridors écologiques, les parcs en dehors des sites déjà artificialisés et qui limite à 180 hectares les projets sur le territoire. «Ce projet consomme quasiment 100ha, que reste-t-il comme potentiel aux autres communes ?».
Des arguments repris tour à tour par Guy Crespi (Sanilhac-Sagriès), qui insiste sur le «flou» de ce dossier et appelle à prendre le temps avant de décider ; Marie-Lise Gloanec (Aigaliers), qui s’étonne du retour de ce projet retoqué en 2021 et qui demande des précisions sur le rôle de la CCPU, «y aura-t-il par exemple des achats de terrains de compensation ?» ; Bernard Rieu (Vallabrix) a regretté le choix du profit au détriment de l’éco-innovation ; Xavier Gayte (La Capelle-et-Masmolène) a ajouté la création d’un précédent pour la CCPU en s’impliquant dans ce type de projet.
Après une première réponse de Patrick Méjean qui a d’emblée voulu démonter l’utilisation du mot «bois» pour le Mattas (lire ci-dessus), Christophe Cavard (Uzès) a lui nuancé les autres interventions. «Je ne connais pas le terrain donc j’entends la remise en question de l’impact écologique. Je vais soutenir le projet même si l’avenir m’inquiète, notamment la durabilité de ces sociétés capitalistes». Des mots repris par Michel Lafont (Belvezet), qui va même jusqu’à parler de «sociétés offshores» en notant que l’électricité produite par les 20ha de parc situés sur sa commune ne va pas chez les habitants du village.
Projet photovoltaïque : trois oppositions et neuf abstentions
Le président de la CCPU Fabrice Verdier a recadré l’objectif : «En impliquant l’intercommunalité, toutes les communes profiteront des profits qui permettront d’investir». Il rappelle aussi que ce projet implique la création d’un poste source, afin de se raccorder au réseau électrique, «élément essentiel pour les autres projets de parc sur le territoire». Il précise que cette délibération prévoit «un partenariat public-privé» mais qu’en aucun cas il s’agit d’une société offshore.
Fontarèches, parc photovoltaïque : Voltalia défend un «projet qui a du sens»
«Cette énergie sera vendue à la SNCF, on ne parle pas de traders... Et la Caisse des dépôts et des consignations est partie-prenante, ce qui assure le sérieux du projet». Quant à la dimension et les hectares laissés aux autres communes, la loi va changer afin de permettre de passer malgré le Scot. Il n’a pas manqué de rappeler que ce type de projet marche bien «à Aigaliers par exemple. C’est un projet vertueux, qui permettra des recettes fiscales. Soyez cohérents». La délibération est votée mais avec trois oppositions et neuf abstentions.