Architecte diplômée par le gouvernement DPLG et formée à l’école des Beaux-Arts de Paris, l’artiste plasticienne Annick le Duault a d’abord travaillé en design de meubles contemporains et comme coloriste de bandes dessinées, elle a également été enseignante avant de reprendre il y a plus de 10 ans sa première passion, l’empreinte. De 2008 à 2014, elle avait participé à un happening en réalisant une fresque moulée de 3x1m, s’inspirant des bas-reliefs. « J’aime mélanger l’ancien et le moderne, confie Annick. J’aime les vieilles pierres et les décors modernes ». Elle réalise par moulage des tableaux en résine, en tenant compte que l’empreinte sera inversée, un creux devenant une bosse. Ce qui l’intéresse c’est « l’empreinte en volume qui par son ombre se détache du plan originel ».
Découverte de l'univers d'Annick le Duault
On sent chez Annick une urgence à faire malgré le travail de titan qu’exige la réalisation d’œuvres qui vont nécessiter un mois et demi minimum de travail. La terre glaise, mouillée mais pas trop, est étalée sur une table de 2x1,50m. Annick trace des empreintes avec des objets de différentes matières, détournés de leur fonction, rangés par boîte dans son atelier. « Les objets que je choisis, la façon d’appuyer créent différentes textures. Je cherche à structurer le tableau, un réflexe d’architecte ! À un moment je me dis que c’est bon. Et je reviens 24 heures après pour voir si cela me convient toujours ». Elle utilise alors pour découper les parties qui lui conviennent, des cadres de 1,20x0,80m maximum dans lesquels elle coule la résine, plus grands ils seraient trop lourds à soulever, mais elle réalise aussi des petits formats. Il faut ensuite mettre le moulage debout à l’aide d’un palan, nettoyer et gratter la terre qui reste, elle est aidée par son compagnon qui est aussi son plus fervent admirateur. Enfin la résine doit être lavée et séchée pour être exploitée : la colorer, combiner plusieurs épaisseurs, imaginer un éclairage. Tous les produits utilisés sont toxiques, Annick travaille avec un masque.
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Au fil du temps, les matières qu’elle utilise ont changé, le plâtre fragile et lourd a été remplacé par la résine, plus légère, plus résistante et dont la transparence a inspiré la superposition de couche et l’utilisation de Leds. Pour des tableaux en deux épaisseurs, chacune des couches est étudiée en fonction de son interpénétration avec l’autre et nécessite une réflexion et des croquis préalables. Les œuvres d’Annick répondent à une esthétique contemporaine et , bien qu’abstraites, sont inspirées de la réalité. Les grands blancs tableaux monochromes avec cercles et lignes s’intitulent «horizon» ou «équilibre». Les noirs et blancs renvoient à l’interpénétration des choses. Pour les œuvres en double épaisseur avec éclairage incorporé, les courbes et Leds bleues se nomment «La vague» les empreintes de morceaux de bois et Leds vertes «éclosion du printemps». « Pour moi, l’esthétique est importante, j’en ai une vision minimaliste et épurée. L’empreinte c’est le temps, la création c’est notre relation à l’universel. La première utilisation de diverses couches que j’ai nommé "la faille" m’a fait réfléchir à l’ouverture, l’image que l’on donne de soi. L’utilisation du blanc en monochrome redonne une force au tableau, le fait vibrer en fonction de l’ombre et la lumière créées par les empreintes », explique l’artiste.
Cette découverte, en évoquant le mythe de la caverne de Platon, a donné à Annick, qui sera présente tout le temps de l’exposition, l’idée d’une exposition expérimentale et sensorielle, où le visiteur pourra lui-même jouer sur l’éclairage des tableaux. Mais chut ! C’est une surprise...
Exposition visible à la Maison des jeunes et de la culture, vendredi 17 mars, de 14h à 20h et samedi 18 mars 2023, de 10h à 20h. Vernissage le vendredi 17 mars 2023, à 17h.