C’est une pointure de la justice internationale que reçoit l’association Aphyllanthe. Jean-Paul Lévy, avocat honoraire, est un ancien membre du Conseil de l’ordre des avocats à la cour d’appel de Paris et du Conseil national des barreaux. De plus, par sa fonction d’ancien expert de la Fédération internationale des Droits de l’Homme, l’observateur judiciaire et des Droits de l’Homme a beaucoup voyagé dans le cadre de missions d’observation, dans des pays frappés par des dictatures ou des guerres civiles.
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«Nous avons œuvré pour la libération d’un certain nombre de prisonniers politiques ou encore enquêté sur les disparus, pour identifier les conditions de leur disparition. C’est un vaste problème car les enlèvements sont un moyen de terreur qui permet de maintenir les gens dans un état de sujétion». En rencontrant «les victimes comme les bourreaux», Jean-Paul Lévy tentait de retracer le fil de l’histoire de ces disparitions.
“Il n’y a pas de pardon sans justice. Il est absolument fondamental de juger les gens”
Mais c’est pour parler de justice transitionnelle que le spécialiste est invité par l’association. «C’est une justice qui intervient dans des situations de crise, des moments qui fracturent des sociétés. La justice transitionnelle est là, d’une part, pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé et d’autre part, permettre de parvenir à un apaisement de la société après les traumatismes».
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Plusieurs organes de justice internationale existent pour juger les crimes contre l’Humanité ou les crimes de guerre commis lors de ces conflits. Certaines instances, comme la Cour pénale internationale, permettent même de juger d’anciens chefs d’États.
Des exemples historiques durant la conférence
Par exemple, grâce à la commission Vérité et réconciliation sud-africaine créée par Desmond Tutu, l’Afrique du Sud a su retrouver la paix après l’Apartheid.
Au Rwanda, le Gouvernement a mis en place un mécanisme de jugement et de réconciliation. Les responsables du génocide ont été punis et les habitants peuvent désormais vivre ensemble. Mais ce travail de transition est parfois laborieux et nécessite un important investissement humain. Ce fut le cas au Timor oriental où la paix est revenue après une très violente répression et une guerre civile sur le point d’éclater.
La conférence organisée par l’Aphyllanthe fait particulièrement écho à l’actualité, à quelques jours du premier anniversaire de l’invasion russe en Ukraine. «En plus des crimes de guerre ou contre l’Humanité, les Ukrainiens veulent que la Russie soit jugée pour crime d’agression. Ils souhaitent la création d’un tribunal spécial car la Cour pénale internationale n’est pas habilitée». Une demande qui a reçue le soutien de l’Union européenne.
Mais face aux drames humains, aux viols, aux enlèvements et aux meurtres, comment est-il possible qu’un peuple puisse pardonner à son agresseur ? «Il n’y a pas de pardon sans justice. Il est absolument fondamental de juger les gens. Si vous ne procédez pas aux jugements, les blessures restent ouvertes sans explication», conclut Jean-Paul Lévy.