AccueilUzèsAbattage raté de la cheminée d'Aramon : que s'est-il passé ?

Abattage raté de la cheminée d'Aramon : que s'est-il passé ?

La destruction de la cheminée de l’ancienne centrale EDF d’Aramon était prévue le mercredi 7. Mais ce n’est que la moitié de l’édifice qui s’est effondrée.
La destruction de la cheminée de l’ancienne centrale EDF d’Aramon était prévue le mercredi 7. Mais ce n’est que la moitié de l’édifice qui s’est effondrée.
©GaiaRiboux - La destruction de la cheminée de l’ancienne centrale EDF d’Aramon était prévue le mercredi 7. Mais ce n’est que la moitié de l’édifice qui s’est effondrée.

Uzès Publié le ,

10,9,8... À l’écoute du compte à rebours, l’assistance, composée d’habitants, de journalistes, d’élus et d’employés est silencieuse. 10h30, dans un immense fracas, la cheminée d’Aramon disparaît derrière un épais nuage de poussière le mercredi 7 juin.


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Mais rapidement, quelque chose cloche. Des regards inquiets et interrogatifs s’échangent, des murmures se sifflent entre les équipes techniques, il y a un problème, la cheminée ne s’effondre pas comme prévu. Les secondes passent mais la structure reste digne, droite, seule la moitié des 250m de l’édifice s’en est allée. Au bout de plusieurs minutes, le tableau laisse ébahis les spectateurs, la célèbre cheminée est encore debout mais désormais fendue en deux. Seul un morceau de béton est encore flottant sur le flan gauche de la cheminée.

« L'effet de chute n'a pas fonctionné »

C’est un imprévu de taille auquel ont du faire face les équipes d’EDF et de l’entreprise Cardem, en charge de la démolition de la cheminée. La structure n’a tout bonnement pas observé la bascule escomptée. «Nous avons été confrontés à un incident technique, comme cela peut malheureusement arriver avec une démolition de cette envergure. L’ensemble de la cheminée n’est pas tombé directement. L’effet de chute n’a pas fonctionné. Les guides, devant accompagner la démolition, ont cédé lors de l’explosion et n’ont donc pas pu aiguiller la trajectoire de chute. Alors, sous son propre poids, la cheminée s’est solidement enfoncée dans le sol, seule la partie sur laquelle étaient placés les explosifs a été abattue. Mais pour l’instant, il n’est pas question d’aller au pied, notre priorité, c’est la sécurité», ont notamment décrit immédiatement après l’explosion les responsables de l’opération depuis le centre de commandement.


En direct de l’espace presse à Aramon

-8h / 9h30 : les habitants investissent le lieu d’observation basé à la Lône, après avoir suivi un chemin préparé par la Municipalité notamment décoré de clichés de la cheminée prise par des photographes volontaires. D’autres encore se placent sur des abords de la rivière, en famille, entre amis. Enfin, presse, équipes techniques, élus et responsables se retrouvent quant à eux sur un autre site d’observation dédié, non loin de la cave coopérative de la commune. Tout le monde installé, les routes environnantes sont bloquées, tout comme les axes fluviaux et chemins de randonnées.


-9h30 / 10h30 : responsables d’opération, élus locaux et entreprises liés au projet se passent tout à tour le micro le temps de plusieurs discours. Tantôt techniques, emplis de souvenirs ou tournés vers l’avenir du site, tous se succèdent pour témoigner chacun à leur manière leur attachement à la cheminée. Virginie Monnier-Mangue, présidente de la Clean tech vallée, laissera même échapper quelques larmes lors de son discours. Avec cela, un direct est également proposé au public afin de suivre en temps réels l’organisation du poste de commandement, sur place ainsi que sur les réseaux sociaux.

-10h30 : les charges explosives sont amorcées, il faut moins de 10 secondes à la cheminée pour laisser effondrer la moitié de sa structure. Face au souci technique rencontré, les organisateurs ont déployé une cellule de crise accueillant journalistes et directeurs techniques.

-10h30 / 13h : une cellule de crise est déployée par EDF. Philippe Astie, directeur du pôle exploitation et Chloé Demeulenaere, secrétaire générale adjointe de la préfecture du Gard, répondent aux journalistes dans le souci de «rassurer la population» et d’expliquer au mieux les contextes de l’avarie. Autour de 12h30, après sécurisation des voies, les routes sont à nouveau ouvertes.


«Maintenant, la main est donnée à nos équipes. Des analyses sont en cours afin de mieux comprendre les éléments techniques responsables de cette défaillance. L’ensemble des acteurs sont mobilisés. On finira d’abattre la partie restante dans un second temps mais la priorité est aux constats et à la sécurité», a de son côté complété Philippe Astie, directeur du pôle exploitation pour EDF.

« Aucun risque d'effondrement »

D’ailleurs, immédiatement après la chute, les équipes du fournisseur d’énergie ont tenu à rassurer l’assistance autour d’une cellule de crise, créée spécialement pour l’occasion. Au cœur de leurs propos notamment, les risques et dangers évités. «Il y a d’ores et déjà des éléments positifs à communiquer malgré la situation. Tout d’abord, les équipes sur place et du dispositif de sécurité nous l’ont rapidement confirmé, aucun incident humain ou matériel hors cheminée n’est survenu. De plus, aucun risque pyrotechnique n’est à craindre, la totalité des charges explosives ayant été utilisée lors de la manœuvre.

“Nous pouvons affirmer que la démolition totale du site reste prévue, oui.
Mais il faut savoir comment”

Enfin, aucun risque d’effondrement non souhaité ou anarchique n’est à craindre. Le poids de la structure, maintenant enfoncée dans le sol empêche ce phénomène. Seuls quelques éboulis de béton pourraient survenir, mais nous en sommes conscients, des dispositifs de sécurité sont déjà en cours de déploiement», a tempéré avec apaisement Chloé Demeulenaere, secrétaire générale adjointe de la préfecture du Gard. La responsable a d’ailleurs tenu à ne pas qualifier le semi-abattage «d’échec», préférant qualifier la matinée d’«aléa technique».


Communiqué de presse d'EDF, jeudi 8 juin.

« Le 7 juin 2023, à l’occasion d’une opération de déconstruction de la centrale thermique d’Aramon, un aléa technique a empêché l’abattage complet de la cheminée. La cheminée haute de 250 mètres n’a ainsi pas été totalement abattue et environ 100 mètres de hauteur sont restés en place.

EDF et son partenaire industriel CARDEM, ont lancé des investigations sur cet aléa technique. Les premières analyses réalisées confirment l’absence de risque d’effondrement et de risque pyrotechnique, toutes les charges ayant explosé.

Un périmètre de sécurité de 150 mètres est maintenu autour de la cheminée. Les équipes d’EDF sont pleinement mobilisées et entretiennent des échanges constants avec les autorités locales pour assurer la sécurité du périmètre.

Conformément au projet initial, EDF s’engage à poursuivre la déconstruction de la cheminée et de la centrale thermique d’Aramon. Le nouveau calendrier sera communiqué ultérieurement ».


Et maintenant ?

Désormais place aux questions ! La cheminée va-t-elle être à nouveau abattue et dans quels délais ? Face à ces doutes, EDF s’est montrée prudente dans ses annonces. «Il est encore trop tôt pour parler d’agenda ou de méthodes précises. Notre priorité, c’est l’analyse et la sécurisation totale du site. Vous savez, cette réhabilitation est prévue sur plusieurs années, nous ne sommes pas à quelques semaines ou mois près. Pour l’instant, en étant lucides, nous pouvons affirmer que la démolition totale du site reste prévue, oui. Mais il faut savoir comment. Jusqu’ici, nous avions notamment écarté la méthode de grignotement au vu de la taille de la structure. Celle-ci désormais coupée en deux, c’est peut-être une hypothèse à laquelle il va falloir réfléchir», a notamment annoncé avec pragmatisme Philippe Astie.

Ainsi, l’agenda de la réhabilitation totale du site et de ses 55 hectares semble s’allonger. Ne devant pas se profiler avant 2035 au minimum, pour un coût total estimé à 50 millions d’euros, le calendrier et le porte-monnaie du projet devraient inexorablement s’alourdir. Deux éléments sur lesquels les organisateurs sont restés discrets mais qui devraient prochainement enclencher de nouvelles discussions avec les acteurs locaux et nationaux gravitant autour du site. Pour rappel, lors de la présentation d’opération et encore lors de son discours avant la démolition, le maire d’Aramon, Pascale Prat, faisait déjà part de son souhait de voir «se raccourcir le calendrier de réhabilitation, afin qu’EDF puisse à nouveau dynamiser ce site incontournable, porteur de projets et créateur d’emplois pour la commune».



De plus, le mercredi 7 juin durant la soirée, le syndicat Fdse Gard a annoncé sur son compte Facebook qu'une réunion se tiendra le jeudi 8 juin depuis la mairie. En effet, certains agriculteurs déplorent des dégats sur leurs cultures suite à la démolition.

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